mercredi 27 avril 2011

Retour dans le passé au Soudan.

Lorsque nous sommes arrivés dans le petit village de Sawakin au Soudan nous avions l’impression d’avoir remonté le temps de deux siècles en arrière car le moins que l’on puisse dire c’est que les gens de cet endroit, situé en lisière de la Mer Rouge, vivent de façon ‘’traditionnelle’’. On ne peut pas vraiment parler du reste du Soudan puisque Sawakin fut l’unique arrêt que nous pouvions faire dans ce pays et ce seulement pour deux jours. C’est presque honteux de ne pas y rester plus longtemps mais le temps étant limité et la Mer Rouge si grande à parcourir nous ne pouvions simplement pas y passer plus de temps. Néanmoins, nous avons quand même pu nous balader dans les rues et le marché pour nous procurer du pain et autres aliments de base sur lesquels nous pouvions mettre la main dessus tout en évitant les ânes et les dromadaires utilisés pour le transport des marchandises dans le village. En passant, le pain pita qu’ils ont ici est sûrement le meilleur que nous ayons trouvé jusqu’à maintenant. Probablement cuit directement sur une pierre chauffée, il goûte bon et coûte presque rien. C’est probablement les deux seules choses que l’on veut vraiment savoir à leur sujet alors qu’il est probablement mieux de garder secret les détails sur la fabrication, le rangement et le transport de ces pains! Comme on pourrait s’y attendre dans un endroit reculé comme celui-ci, les gens ne parlent pas vraiment anglais mais sont très accueillants. Au marché, nous avons pris quelques photos et l’un des marchants nous a demandé s’il pouvait avoir une copie imprimée de sa photo. Avec notre caméra numérique, ce fut difficile de lui expliquer que nous n’imprimons pas nos photos mais les gardons uniquement sur l’ordinateur. Mais de retour au bateau, nous nous sommes rappelés qu’il nous restait quelques feuilles de papier photo pour l’imprimante et nous avons donc pu imprimer quatre des photos et sommes retournés le lendemain matin pour les donner aux gens que nous avions pris en photo. Ils étaient bien heureux de ce geste mais, comme c’est souvent le cas dans cette partie du monde, les gens expriment leur gratitude avec beaucoup de réserve. Il s’agit en fait d’une caractéristique que nous avons commencé à observer en Asie du Sud-Est et qui semble se perpétuer jusqu’ici.


Sur cette photo on peut voir ce que l’on pourrait appeler ‘’Les installations centrale municipale d’approvisionnement en eau ‘’. Je pourrais bien continuer avec des commentaires sarcastiques sur les infrastructures de ce village et de la façon dont ils vivent mais ce serait vraiment irrespectueux envers les gens de cette communauté qui tente du mieux qu’ils le peuvent de s’en tirer avec le peu qu’ils ont. Oui, l’eau est charrié sur des charrettes tirées par des ânes et les produits au marché sont vendu sur des étals fait de quelques planches de bois ou de paniers en osier mais à quoi voudrions nous attendre dans un pays fait de sable et déchiré par des années de guerre civile? Selon ce que nous avons appris et vu, la situation politique au Soudan est maintenant stable et il est prévu que le pays ce ceindre en deux aux alentours du mois de juillet. Mais tout ça parait être des évènements biens lointains dans la petite ville calme et paisible de Sawakin.

lundi 4 avril 2011

Les pays les plus pauvres au monde.

Selon notre Atlas, publié en 2004, l’Érythrée est le 4ième pays le plus pauvre au monde et lorsque nous sommes arrivés à la petite ville d’Assab, en provenance du Yémen, nous nous attendions au pire. Le Yémen était pauvre, ça ne fait aucun doute, mais lorsque l’on pense que les gens s’enfuient de l’Éthiopie et, s’ils le peuvent, de l’Érythrée pour aller trouver une vie meilleure au Yémen alors ça donne une idée de comment les choses peuvent être désespérantes dans ce pays d’Afrique de l’ouest. Nous étions en compagnie de trois autres bateaux faisant aussi parti de notre convoi et alors que nous nous attendions à arriver au milieu d’une scène toute droite sortie d’une infopub de Vision Mondial, avec des enfants au ventre gonflé et des mouches dans les yeux, la réalité était toute autre. C’est évident que les gens ici ne roulent pas sur l’or mais ils ont définitivement de la dignité. Assab était une ville de peu de ressources mais incroyablement rangée pour ne pas dire propre. Pas d’odeurs, aucun détritus nulle part, des gens lavés avec des vêtements humbles mais propres. Les gens, comme on s’y attendrait, étaient très accueillants.






L’Érythrée sort tout juste d’une longue guerre avec sa voisine l’Éthiopie, de laquelle elle faisait partie avant son indépendance, et les édifices endommagés et maintenant abandonnés sont légion. Maintenant, à savoir exactement pourquoi ces deux pays se battaient est encore très floue dans nos têtes. Il faut vraiment atterrir ici pour comprendre qu’il n’y a rien dans ce pays. Normalement, les guerres ont pour but l’acquisition de ressources quelconques mais quand je dis qu’il n’y a rien ce n’est pas une métaphore. Le sol est tellement aride, partout où nous sommes allés, que je crois que la seule chose qui puisse pousser ici c’est du sable! On fait quand même pas une guerre pour du sable!!! Mais bon, je présume qu’ils savent à peu près ce qu’ils font et qu’ils avaient de très bonnes raisons de se rendre encore plus pauvres en se battant entre eux. Mais à cause de tout cela, le pays, et Assab entre autre, n’ont pas la cote des touristes alors lorsque nous sommes arrivés les gens nous ont très bien fait comprendre que la ville était très sécuritaire et que nous pouvions nous promener à notre guise sans aucuns soucis. Évidement, le but de nous voir passer quelques jours dans la ville n’étant pas pour l’enrichissement culturel que des voyageurs venant de partout dans le monde peuvent leurs apporter mais bien sûr pour l’argent que nous allions nécessairement dépenser en payant probablement 2 à 5 fois le prix normalement accordé aux locaux. Mais à ce sujet là il y avait un petit problème. Non pas sur le prix lui-même car même à prix touriste la plupart des choses étaient à prix raisonnable. Le problème venait du fait que de l’argent c’est utile lorsqu’il y a quelque chose à acheter mais ici, comme je l’ai déjà dis, il n’y a presque rien alors il était, comme on peut dire, un peu difficile de dépenser! Néanmoins, nous avons quand même pu trouver un petit bar où nous avons pris une bonne bière bien méritée. Bon ok! On en a pris pas mal plus qu’une mais c’est un argument purement académique  Les gens du bar nous ont généreusement trouvé un repas assez copieux et même si ça n’a pas l’air très appétissant sur la photo je peux vous assurer que c’était succulent et proprement préparé. On n’est pas très certain de quelle sorte de viande il s’agissait mais il y a de fortes chances que c’est été de la chèvre. Mais peu importe c’était très bon et aussi très apprécié. Le pain et la viande étaient offerts en abondance et il nous apparaissait évident que, même si l’on payait un bon prix, ce n’était pas des denrées si faciles à trouver dans ce patelin. De plus, lorsque je dis que l’on payait le prix c’est en comparaison à ce que les gens ici auraient payé pour la même chose car en tout cela nous à couté environs $4.00 par personne pour le repas et 3 à 4 bières chacun! Ce n’est quand même pas cher au bout du compte.

Mais même si nous avions bien du plaisir à Assab, il fallait quand même que nous avancions vers le nord puisque la Mer Rouge fait tout de même près de 1200 miles de long. Nous avons fait plusieurs arrêts mais celui qu’il vaut la peine d’être mentionné et celui de Mersa Dudo où nous avons pu visiter le cratère d’un volcan éteint. L’endroit était complètement désert sinon que par le passage occasionnel de quelques pêcheurs du coin ayant un campement sur la plage. On avait l’impression de débarquer sur la lune tellement le paysage était mort. Il y avait bien quelques arbres du type que vous voyez sur la photo mais du reste c’était de la roche volcanique. En fait, c’est dommage que nous n’avions pas un barbecue parce que les roches aurait parfaitement fait l’affaire. Par contre, vouloir des burgers en Érythrée c’était peut-être en demander un peu trop. Mais nous avons quand même fait le tour du cratère en marchant tout le long du bord du volcan et où il ventait à écorner les bœufs. Mais comme ils ne semblent pas avoir de vaches ici alors il ventait probablement à écorner les chèvres!




Après quelques jours à naviguer d’une île à l’autre, nous sommes arrivés à Massawa, notre dernier arrêt en Érythrée. La ville était définitivement plus grande qu’Assab mais tout aussi affectée par les affres de la guerre. Les abords du port avaient définitivement connu des jours meilleurs et il faut quand même avouer que l’endroit devait avoir vraiment de la gueule avant que les fusils et grenade en refasse la décoration. Encore une fois, en bonne compagnie nous avons pu nous régaler de la cuisine Érythréenne même si cela voulait dire une légère adaptation gastrique à la faune bactérienne de la région. Mais bon, on ne fait pas le tour du monde pour manger du McDonald quand on est en Afrique de l’Ouest quand même. La nourriture était intéressante et les gens aussi. Le gouvernement a une mainmise sur la population et nous avons pu apprendre que les gens ne peuvent tout simplement pas quitter le pays et Dieu sait qu’il y en aurait beaucoup qui serait partant pour s’en aller. Nous trouvions très déchirant de voir de jeunes hommes nous demander s’ils pouvaient embarquer avec nous, à l’insu du gouvernement évidement, pour aller n’importe où en autant que se soit ailleurs. On a beau dire qu’il n’y rien ici mais de là à être prêt à quitter sa maison et sa famille pour espérer quelque chose ailleurs dans une vie clandestine c’est quand même déchirant à entendre. Évidement, il était hors de question d’acquiescer à leurs demandes alors nous leurs avons donné quelques T-Shirts, des montres achetées à prix dérisoires à Singapour ainsi que des paquets de cigarettes et ils étaient quand même content. À défaut d’aller gagner un peu d’argent en exile ils pouvaient fumer une bonne cigarette en portant un T-Shirt avec ‘’I Love Singapore’’ écrit dessus!





Malgré le manque flagrant de ressources dans la région nous avons quand même pu aller au marché pour nous ravitailler un peu. On a sauté dans un bus avec les membres d’équipage des autres bateaux et, comme c’est souvent le cas, la balade en autobus était aussi intéressante que l’endroit où il nous apportait. Nous étions nécessairement à l’étroit mais comme je l’ai déjà mentionné les gens ici sont courtois et très propres. Alors pas d’odeur ou quoique ce soit du genre qui puisse se comparer à la puanteur que l’on retrouve dans les autobus de Montréal en hiver et à l’heure de pointe! Le marché était somme toute assez bien garni avec un choix limité certes mais tout de même des fruits et légumes disponibles. Le pain restait quand même difficile à avoir. La farine étant contingentée et il ne nous était possible d’acheter que certains pains alors que les autres étaient réservés pour la population locale. Nous avons trouvé un café Internet mais malheureusement le gouvernement a diminué la vitesse de transfert avec l’extérieur du pays afin d’empêcher l’organisation, à l’aide d’internet, d’opération rebelles. Au bout du compte la vitesse était tellement lente qu’il nous aurait fallu environ 10 heures pour télécharger seulement nos courriels et nous avons tout simplement abandonné. Comme les burgers, l’Internet en Érythrée c’était peut-être trop demander!

samedi 2 avril 2011

Le Golfe d'Aden.

Nous avons quitté Al Mukalla tôt dans la matinée le 24 février 2011 et avons mis les voiles pour traverser le golfe d’Aden connu, il n’y a pas si longtemps, comme étant les eaux les plus dangereuses au monde. Mais, même si ce n’est pas l’endroit le plus sécuritaire du monde, nous n’étions pas aussi inquiets par ce passage que nous l’étions lors de la traversée de la Mer d’Arabie. Par contre, il fallait tout de même rester sur nos gardes comme Danielle et moi avons dû le rappeler aux autres à quelques reprises tel que cet après midi alors que nous nous sommes arrêtés pendant une demi heure pour laisser le temps à l’un des bateaux pour réparer sa transmission. C’était un bel après-midi chaud et ensoleillé, la mer était plate comme un miroir et les équipages de deux des bateaux ont décidé que c’était un bon moment pour faire une saucette à l’eau! Dans des conditions normales, il n’y aurait aucun problème à cela mais une mer calme, en plein jours au milieu du golfe d’Aden il s’agit de conditions idéales pour une attaque de pirate! Mais après plus de trois semaines à être continuellement en alerte nous avions atteint un l’état où l’on s’en foutait complètement. Le passage s’est bien déroulé en général et nous avons mis un peu plus de trois jours pour couvrir les 400 miles et quelque séparant Mukalla et Bab El Mandeb ce détroit démarquant l’embouchure sud de la Mer Rouge. Une fois dans la Mer Rouge, laquelle est maintenant considérée comme étant relativement sécuritaire pour les yachts, il est devenu apparent pour tout le monde que nous étions tous au bout de nos limites de naviguer en formation serrée. Après avoir navigué ensemble 1900 miles en 16 jours de mer il était temps pour nous de nous séparer puisque les conditions requérant un grand convoi étaient maintenant finies. Nous nous sommes alors dit au-revoir et sommes séparé en deux groupes. Quatre d’entre-nous avons décidé de nous arrêter immédiatement à la petite ville d’Assab en Érythrée alors que les cinq autres bateaux préféraient profiter du vent fort du sud pour s’avancer plus au nord et ont donc continué.

C’était la fin d’une incroyable aventure que nous avions vécue ensemble et qui allait rester dans nos mémoires pour toujours. Ensemble, nous avons navigué au travers des eaux les plus dangereuses au monde et avons réussi, peut-être par pure chance, mais peut-être que non et si notre voyage ensemble était maintenant terminé, il n’en était rien de notre amitié mutuelle. Nous allons nécessairement nous rencontrer à nouveau lors de notre périple vers le nord dans la Mer Rouge et lorsque cela se produira nous n’allons pas simplement rencontrer d’autres navigateurs mais nous allons plutôt revoir des amis chers.

Dans les quelques articles précédents de ce blogue, je vous ai raconté notre histoire sur comment nous avons passé au travers des eaux infestées de pirates du Moyen Orient et comment nous sommes arrivés sains et saufs à la Mer Rouge mais je n’ai jamais répondu à la seule question que vous devez tous avoir en tête en lisant ces lignes; Pourquoi, pour l’amour de Dieu, avez-vous voyagé au travers de cet endroit infernal en premier lieu? Et ce serait une question entièrement valide puisque nous aurions pu décider de naviguer directement de l’Australie jusqu’en Afrique du Sud ou bien d’oublier complètement cette idée insensée de voyage autour du monde et de simplement nous arrêter en Australie ou bien de rester dans la Mer des Caraïbes comme le font tant de gens. La réponse peut se résumer à un seul mot; liberté. Nous tentons tous de faire le mieux avec notre vie. Nous travaillons, nous élevons nos enfants et nous essayons de faire en sorte que notre vie en vaille la peine. Mais à la fin, un jour couché sur notre lit de mort, nous allons faire le sommaire de notre vie. Nous allons nous demander ce que nous avons fait d’unique, qui était vraiment nous? Pas quelque chose d’imposé par les autres mais que nous avons vraiment choisi. Toutes nos vies sont principalement imposées par les autres. Le gouvernement vous dit comment travailler, comment élever vos enfants ou bien comment ne pas mourir de la cigarette. Même lorsque vous décidez de sauter à bord d’un voilier et de faire le tour de la planète, l’industrie du tourisme vous dit ce que vous devez voir, les autorités des pays vous rendent les choses dispendieuses, la météo vous dit quand vous pouvez bouger et quand vous ne le pouvez pas et puis finalement les pirates vous disent où vous pouvez passer ou non. Où est la liberté dans tout ça? L’essence même de ce voyage n’est pas de voyager autour du monde et de traverser tous les méridiens, il s’agit plutôt du voyage lui-même. Si votre but est de faire le tour du monde alors tout ce que vous avez à faire est d’acheter des billets d’avion et en moins d’une semaine tout sera fini. Nous vivons présentement ce que pour plusieurs ne sera qu’un rêve. Nous réalisons quelque chose d’unique, quelque chose que nous avons choisi malgré que tout et tout le monde soient contre nous. Nous voulions voir le monde et de décider comment nous allions le faire, de le faire à notre façon. Pas à la façon des pirates. Oui, nous avions le choix d’avoir la trouille et de naviguer autour de l’Afrique du Sud et de manquer tout ces pays magnifiques ou bien de dire ‘’Non! C’est là que nous voulons aller et c’est par là que nous y allons!’’ Ce que vous faites de votre vie est toujours une question de choix et nous avons les nôtres.