dimanche 16 août 2009

Dans les îles vénézuéliennes.

Contrairement aux Antilles, où la distance entre chaque île se parcoure en quelques heures et en plein jour, le trajet que nous avons maintenant entrepris implique des distances beaucoup plus longues et nous oblige à voyager de nuit afin de profiter de la lumière du jour lorsque nous arrivons à destination. Jusqu’à maintenant, nos passages de nuit ont toujours consistés à nous battre contre les vagues, avec le vent dans le nez en pleine noirceur et, dans la majorité des cas, en motorisant puisque Chocobo est incapable de naviguer au près de façon efficace. Voyager vers l’ouest est maintenant une toute autre histoire. Nous avons le vent dans le dos et allons dans la même direction que les vagues rendant les trois cent miles nautiques que nous avons parcouru jusqu’à maintenant extrêmement agréables. Et comme si cela n’était pas assez, la météo était parfaite avec des vents de 15 à 20 nœuds et un ciel dégagé nous offrant des couchés de soleils mémorables. Ici par contre, il faut donner tout le crédit à Danielle, notre navigatrice en chef, qui depuis deux semaines suit l’évolution de la météo trois fois par jours et qui a choisie la fenêtre de départ avec un soin chirurgical. Si on a eu du beau temps durant les traversées, ce n’est pas dû au hasard mais bien au zèle de Danielle qui passe des heures à analyser les données météo en provenance d’au moins trois sources différentes et planifiant nos passages avec soin.


Jusqu’à maintenant nous avons visité trois groupes d’îles, Los Testigos, La Blanquia et Los Roques. Dans le premier groupe nous sommes arrêtés que pour passer la nuit avant de continuer. L’endroit était joli mais nous voulions continuer. À La Blanquia nous nous sommes arrêtés que durant la journée et sommes repartis le soir même en direction des Los Roques. Là par exemple, c’est vraiment les vacances. Avec ses plages de sable presque blanc et ses îles inhabitées, cela fait des Roques un endroit de villégiature que les Vénézuéliens et autre touristes profitent amplement et nous, nous ne faisons pas exception. Hier, nous nous sommes arrêtés à une île où un seul autre bateau était encré. Devant nous, s’étalait une longue plage et à côté de nous, à environs 100m, il y avait un banc de corail. Nous avons décidé de prendre la journée pour relaxer tout en terminant le dernier auvent que nous sommes en train de nous fabriquer pour faire de l’ombre dans le cockpit. Nous avons commencé le matin par poser les rails auxquels l’auvent sera attaché puis nous avons enfilé nos palmes, masques et tuba et avons nagés jusqu’à la plage à environs 150m. Danielle trouvais que nous manquions d’exercice alors elle est partie à bonne allure et on a fait le trajet d’une traite avec moi à la traine qui suivait péniblement. Nager 150m, même avec des palmes, ce n’est pas évident lorsque l’on passe la majeure partie de notre temps sur un bateau de 13 m! Mes séances de Tae Kwon Do me manquent énormément! Après avoir ramassé du sable sur la plage pour notre collection, nous avons nagé jusqu’au banc de corail où nous avons nagé pendant environs une heure au milieu des poissons multicolores qui, pour la plupart, ne semblent pas être gênés par notre présence. Danielle aimerait bien pouvoir toucher aux petits poissons couleur argent qui se tiennent en banc de plusieurs milliers mais eux ne l’entendent pas de la même façon et sont très bon pour éviter, dans une danse synchronisée, la main qu’elle leur tend. Une fois revenus au bateau, nous avons mangé puis continuer à travailler sur l’auvent jusqu’à ce que l’on ait encore trop chaud et que l’on resaute à l’eau et que l’on retourne voir les différentes espèces de poissons perroquets, les bancs de poissons mauves dont le nom m’échappe et toutes les autres toute aussi colorées les unes que les autres. Ces petites séances de nage en apnée sont vraiment intéressantes. Un banc de corail peut facilement abriter entre 20 et 50 espèces différentes de poissons et de crustacés et c’est sans parler des coraux eux-mêmes. Il est très facile de passer une à deux heures à nager dans le milieu de cet aquarium naturel sans pour autant trouver le temps long ou se lasser. Finalement, nous avons enfin terminé l’auvent un peu après un couché de soleil d’un rouge flamboyant et terminé la journée avec une bonne bouteille de vin.

J’ai finalement fini par poser les deux derniers panneaux solaires restants, ce qui termine ce projet tant attendu et qui nous donne maintenant presque trois plus d’électricité qu’auparavant. Un gros merci à Richard, sur Marie Galante II, qui m’a donné un très bon coup de main pour poser les deux panneaux du centre et pour tirer les fils dans le bateau. La raison pour laquelle je parle si souvent de ces panneaux c’est que l’impacte sur notre qualité de vie est majeur. Depuis que nous avons ajouté ces panneaux nous n’avons, à toutes fins pratiques, plus aucunes restrictions qu’en à l’usage de l’électricité. Pour ceux d’entre vous qui vivez sur un bateau je suis certain que vous comprenez ce que je veux dire. De façon concrète cela veut dire que nous pouvons maintenant produire entre 25 et 40 gallons d’eau potable par jour, utiliser nos ordinateurs aussi souvent que nous le voulons et alimenter notre réfrigérateur qui travaille en heures supplémentaires sous cette chaleur torride des tropiques. L’eau que nous produisons nous permet maintenant de prendre deux douches chacun par jour, de nous rincer à l’eau douce après nos multiples baignades en plus de suffire pour laver la vaisselle et faire la lessive. Alors que j’écris ces lignes sur mon ordinateur de 90W, Danielle joue au Playstation II avec la télévision de 100W et les haut-parleurs de 50W et nous avons encore du courant pour charger les batteries! Pour obtenir la même quantité d’électricité journalière, nous devrions faire rouler les moteurs pendant au moins deux heures par jour, ce qui non seulement dispendieux mais surtout extrêmement bruyant et dommageable pour les moteurs.Pour ceux qui aiment l’aspect technique des choses voici une description détaillée du projet. Auparavant nous avions quatre panneaux Siemens de 75W chacun pour un total de 300W avec une unité de commande Trace-40C conventionnelle. Nous avons ajouté 2 nouveaux panneaux Kyocera de 130W et deux autres de 65W chacun pour un total de 390W supplémentaires ce qui nous donne maintenant une puissance nominale totale de 690W. Notre unité de commande existante avait un problème et j’ai préférer la changer. De plus, je ne pouvais pas brancher les anciens panneaux et les nouveaux en parallèle sur la même unité et je devais donc avoir deux unités en parallèle, une pour chaque groupe de panneau. Comme unité de commande j’ai choisie le ‘’Solar Boost 50’’ de Blue Sky, laquelle est un peu plus chère mais qui augmente le courant de charge de 20% en faisant passer le voltage de 17V en provenance des panneaux à environs 14V vers les batteries. Avec le boost de 20%, cela nous donne l’équivalent de 830W de panneau solaire nominal! J’ai aussi changé les fils en provenance des anciens panneaux afin de diminuer la perte ohmique dans les anciens fils qui étaient sous dimensionnés. Même en rapprochant les unités de commande le plus près possible des batteries, la distance à parcourir entre les panneaux et les batteries était de plus de 20 mètres et donc une distance de fil de 40m puisque le courant doit revenir par le fil négatif. Pour cela nous avons dû utiliser du fils de calibre AWG-6 en cuivre à 7 brins plaqués au zinc nous garantissant moins de 3% de perte ohmique. De façon pratique, nous obtenons maintenant durant la majeure partie de la journée un courant de charge entre 35 A et 40 A. Je n’ai pas encore mesuré la quantité de charge totale que cela nous donne mais, selon mon estimation, elle se situe entre 200 et 250 A-h par jour.