vendredi 12 février 2010

Traverser le canal du Panama en deux temps.

Nous sommes maintenant arrivés à un point tournant dans notre voyage. De un, il s’agit du point où nous traversons de l’océan Atlantique (mer des Caraïbes) à l’océan Pacifique et de deux, nous passons au travers de l’uns des ouvrages construit par l’Homme les plus célèbre à l’heure actuelle c'est-à-dire le canal du Panama. Les pyramides d’Égypte c’est bien beau mais ça ne sert traitement à rien. Pour un ingénieur comme moi c’est une grosse pile de roches. OK des méchantes de grosses roches empilées il y a trois mille ans mais quand même inutiles. Le canal du Panama fut construit il y a cent ans presque jour pour jour et fonctionne toujours 24 heures sur 24 et ce 365 jours par année. Les six écluses et le lac artificiel s’étendent sur plus de 70 km et entre 20 000 et 40 000 personnes ont perdue la vie en le construisant. Ça c’est de l’ingénierie! Danielle, elle, apprécie évidement l’ampleur de l’ouvrage mais c’est aussi pour elle 25 façons différentes de réduire le bateau en bouillie advenant que quelque chose se passe mal durant le passage!



C’est donc avec beaucoup d’appréhension, d’excitation et curiosité que nous nous sommes attaqué au passage du canal. Fondamentalement, il s’agit simplement de 6 écluses et d’un lac à traverser. Après les 33 écluses du canal Érié que nous avons traversé au début de notre voyage cela devrait être l’affaire d’une journée bien remplie. Mais il y a une petite différence technique ici. Le canal du Panama ce n’est pas pour les tout petits bateaux. Plus de 40 super cargos par jour empruntent les écluses qui font 1000 pieds de long par 110 pieds de large et chacun d’eux paye entre $50,000 et $200,000 pour le faire! Nous on paye $609 et on trouve ça exorbitant. Les autorités du canal ne veulent pas nous voir ici et j’assume qu’ils nous laissent passer seulement à cause qu’ils doivent être obligés d’une façon ou d’une autre à le faire. À cause de cela, ils s’assurent par un ensemble de règles et de procédures que lorsque nous allons passer tout ira rapidement et sans anicroches car la dernière chose dont ils ont besoin c’est d’un zoinzoin qui arrive avec sa chaloupe en plastique et à voile en disant ‘’Des écluses y’a rien là, check ben le pro icitte j’vais te passer ça comme rien.’’ Et qui fait tout de travers et finalement bloque le canal et en même temps l’une des sources de revenue les plus importante du pays gérée par l’entreprise probablement la plus rentable au monde.

Les règles sont assez simples et logiques. Nous devons avoir 4 tireurs de lignes, un capitaine à la roue, quatre cordes de 120 pieds de long, environs 10 pneu sur les coté du bateau pour le protéger et finalement un conseillé employé par la compagnie sera à bord du bateau durant tout le passage. De plus, il faut aller à plusieurs bureaux administratifs à Colon afin de passer au travers de la paperasse du canal, des autorités portuaires et des douanes et immigrations. Pour nous faciliter la tâche nous avons fait appel à un ‘’agent’’ du nom de Tito qui s’occupe de nous pour la paperasse, nous loue les cordes, les pneus et nous fourni des tireurs de ligne supplémentaires si l’on en a besoin. Notre cher Tito n’était pas très dispendieux mais il avait deux caractéristiques intéressantes. La première c’est qu’il ne vient jamais à l’heure qu’il a dit qu’il viendrait et la deuxième c’est qu’il viendra à coup sûr et fera ce qu’il a à faire mais souvent juste avant l’heure limite de telle sorte que tout ce passe bien mais il faut être patient et avoir des nerfs d’acier! Mais durant que l’on attendait Tito nous avons préparé le bateau en protégeant les panneaux solaires et en préparant les cordes pour le passage.

À 16 :30 heure dimanche le 31 janvier 2010, notre conseillé est monté à bord. Pour rencontrer le quota de 4 tireurs de lignes qui sont requis nous nous sommes entendus avec Maryon et Théo, qui voyagent sur leur bateau Marionetto, de passer Chocobo en premier puis de retourner à Colon pour passer Marionetto deux jours plus tard. Pour le quatrième tireur de ligne, nous avons engagé Léonardo, un panamien de Colon fourni par Tito et qui porte un chandail jaune sur la photo. En avant plan, vous pouvez voir Marion et Théo et vers l’arrière à droite il s’agit de José notre conseillé pour la première section du canal.

À l’heure exacte prévue (et qui a changée trois fois durant l’heure avant notre entré dans l’écluse) nous entrons dans la première écluses du nom de Gatun Lock qui est en fait formée de trois chambres en cascade formant les trois premières écluses du passage qui nous montent d’environs 85 pieds de l’océan Atlantique au lac Gatun. Le passage du canal au complet se fait en deux jours. Le premier jour nous passons les trois premières écluses puis nous passons la nuit sur le lac Gatun. Le deuxième nous traversons le lac Gatun puis passons au travers des trois dernières écluses. Durant la montée, nous sommes placés à l’arrière du cargo qui transite avec nous. Vous n’alliez quand même pas pensé qu’ils feraient fonctionner tout leur système d’écluses juste pour un voilier quand même! Mais ici, le cargo en question est un petit cargo de seulement 500 pieds de long donc nous avons suffisamment de place pour placer notre méga voilier de 40 pieds à l’arrière d’un deuxième bateau qui est ici un bateau de pêche rouge du nom de Queen Alisa dont l’équipage se dirige vers Hawaii.










Nous sommes très chanceux car nous n’aurons pas d’autre bateau avec nous pour s’attacher aux murs de l’écluse. Les quatre cordes sont attachées à de gros taquets sur le bord des murs et chaque tireur de lignes à bord s’occupe de maintenir la tension sur sa corde pendant que le bateau monte et que la corde se relâche. Danielle est à la roue et avance le bateau d’une écluse à l’autre lorsque les portes géantes s’ouvrent. Tout se passe très bien malgré les peurs justifiées de Danielle. Je dis justifié car nous avons appris par notre expérience sur le canal Érié que la monté d’une écluse peut-être très fatale pour le bateau. Lorsque les millions de gallons d’eau entre dans l’écluse par des tuyaux géants situés sous la surface, de très forts remous sont crées et poussent le bateau dans toutes les directions et c’est exactement pour cela que les autorités du canal exigent 4 cordes solides pour maintenir le bateau bien en place durant la monté.


Un peu après le couché du soleil nous avons amarré Chocobo à la plus grosse bouée de mouillage que nous ayons vu pour passer la nuit sur le lac Gatun. On dit que le lac est infesté de crocodiles mais aucun d’eux n’a daigné venir nous voir. Par contre, on pouvait très bien entendre les singes crier dans jungle d’Amérique central qui entourait le lac en entier. Danielle avait concocté un excellent macaroni au fromage suisse qui a ravi tout le monde puis le conseillé du canal est parti. Peu après un bon verre de vin bien mérité, nous sommes allés dans les bras d’Orphée pour une courte nuit car le départ pour le lendemain matin était prévu pour 06 :30!


Le lundi 1er février 2010, nous avons traversé le lac Gatun, une randonné de plus de trois heures, et atteint le fameux Gaillard Cut qui est une tranchée géante creusée à la pioche et à la dynamite par des centaines de milliers de travailleurs il y a plus de cent ans. C’est ici que la majorité des dizaines de milliers de travailleurs qui sont mort durant les travaux ont trouvé leur dernier repos. Les panaméens (ou plutôt les colombiens puisque la région était une province de la Colombie à l’époque) qui ont bâti cet ouvrage n’ont pas seulement creusé cette tranché avec la sueur de leur front mais également avec leur sang. C’est vraiment incroyable de penser qu’il a fallu tant de temps avant que des règles de sécurité au travail décentes soient misent en place dans nos sociétés.











Pour les trois dernières écluses, Pedro Miguel et les deux célèbres écluses de Miraflores avec leurs portes géantes, nous étions attachés en radeaux avec un autre catamaran légèrement plus grand que nous. Nous avons été chanceux encore une fois puisqu’il n’y avait pas de cargo avec nous cette fois-ci mais seulement six petits bateaux traversaient à cette heure-là. La traversée s’est passée sans aucun problème et au début de l’après midi nous étions à l’ancre tout près de la marina La Playita de Amador à Panama City. Nous étions très contents que tout se passe si bien et étions près à y retourner pour faire le passage à bord de Marionetto lequel ne devrait être qu’une formalité pour nous quatre surtout que nous venions de le faire une fois. Mais nous ne pouvions pas nous tromper plus grandement et ce que nous ne savions pas au moment de quitter Chocobo pour Colon c’est que la vraie aventure de cette traversé était devant nous et non pas derrière!












Nous sommes arrivé en autobus à Colon vers 18 :30 heure juste avant le couché du Soleil. Marion devait aller à l’épicerie avant de retourner au bateau qui était resté à l’ancre dans les Flats du port de Cristobal à l’entrée du canal. Nous avions faim alors nous sommes allés chez McDonalds et avons appelé Tito qui devait nous amener au quai ou les bateaux taxis peuvent nous ramener au bateau pour la somme astronomique de $20. Gardez à l’esprit que le trajet de deux heures entre Panama City et Colon coutait $1.80 par personne. Mais il y avait un hic et c’est qu’à ce moment là il faisait noir à Colon et Tito nous attendait durant l’après midi. Le fait est que n’importe qui connaissant Colon ne se balade pas le soir dans la plupart des quartiers de la ville et surtout pas celui où se situe les bateaux taxis. Évidement, ça on ne le savait pas et pour quatre blancs, touristes de surcroit, de se promener à Colon le soir c’est comme d’être quatre dindes se promenant dans la rue le soir de l’action de grâce! Tito était physiquement à Panama City ce soir-là et nous a expliqué tant bien que mal avec son anglais boiteux que nous ne devions pas mettre un seul pied dans la rue, que nous devions sauter dans un taxi immédiatement et nous rendre à l’hôtel Sotelo tout près de son bureau et de l’y attendre le lendemain matin. Il ne pouvait pas avoir de bateau taxi pour nous car les employés et le propriétaire des bateaux n’oseraient jamais s’aventurer le soir sur la rue donnant sur les quais. Tito lui-même avait perdu deux membres de sa famille durant les derniers cinq mois, assassinés par les bandes de bandits qui pullulent ces temps-ci à Colon. Après avoir raccroché le téléphone cellulaire on s’est regardés; Oups! Le McDonalds était gardé par un garde de sécurité et Danielle est allé le voir et lui a demandé de l’aider à avoir un taxi. Finalement nous avons sauté dans un taxi et une fois rendu à l’hôtel Sotelo nous avons été reçu par Léonardo, le garçon que nous avions engagé pour traverser le canal et que Tito avait appelé afin qu’il vienne à notre rencontre et s’assure que nous soyons en sécurité pour la nuit. Finalement, tout s’est bien terminé. La propreté de la chambre était un peu discutable mais après notre voyage au Pérou il n’y a plus rien qui nous impressionne et au moins nous n’avons pas été assassinés pour les $30 que nous avions dans les poches!


Le lendemain nous sommes allé en toute sécurité sur Marionetto et en fin d’après midi, après que Tito ait amené les cordes, les pneus et Léonardo 30 minutes avant notre départ, nous avons pour la deuxième fois traversé les écluses de Gatun. Tout c’est bien déroulé et un peu avant la noirceur nous étions attaché à la même bouée que deux jours auparavant avec les singes qui crient mais ne se montrent pas et un délicieux souper que Marion nous avait préparé. Par contre, la nuit fut la plus chaude de notre vie. Cette nuit là sur le lac Gatun il n’y avait simplement pas de vent et une température aux environs de 32°C avec un taux d’humidité de 100%. Même les crocodiles avaient trop chaud pour venir nous manger!

Mais le vrai fun a réellement commencé à l’écluse Pedro Miguel. Pour le passage Marionetto a été attaché en radeau à un autre bateau de la même taille. Par contre, nous devions attacher le radeau à un plus gros bateau qui fait des croisières dans le canal pour les touristes, ce dernier étant attaché au mur de l’écluse. Le capitaine de l’autre bateau Gary était celui qui conduisait le radeau et l’approche vers le bateau de croisière, placé au bout de l’écluse, se présentait bien jusqu’à ce que l’on soit assez près de lui pour lui lancer nos amarres. C’est à ce moment là que les choses ce sont gâtées. Le vent s’est levé et s’est mis à nous éloigner du bateau de croisière de telle sorte que nous ne pouvions pas nous amarrer à lui. Gary a alors tourné vers le bateau de croisière pour ramener le bateau mais c’était sans issue. Moi j’étais à l’avant du bateau et j’ai alors lancé mon amarre à l’employé du bateau de croisière pour qu’il l’attache. À ce moment, le vent a pris dans l’arrière du radeau et on s’est mis à tourner et à faire un 180° dans l’écluse. Le moteur de Gary n’était pas assez fort pour reprendre le contrôle des deux voiliers attachés ensemble et le vent maintenant nous poussait dangereusement vers les portes fermées de l’écluse. Notre seule chance maintenant était dans l’amarre que j’avais lancée avant que le radeau parte de coté. Tout le monde s’est mis à crier au gars du bateau de croisière qui tenait l’amarre de l’attacher au plus vite, ce qu’il fit aussitôt et la corde s’est tendu raide et le radeau s’est arrêté. Gary a mis le moteur à fond et a fini par ramener le radeau. Nous avons détaché l’amarre qui venait de sauver les deux bateaux puis retourné le radeau pour nous attacher en toute sécurité au bateau de croisière dont tous les passagers regardaient notre manœuvre avec un très grand intérêt!




















Avec un super cargo en arrière de nous le passage des écluses s’est finalement très bien déroulé mais il a quand même fallu quatre heures et une bouteille de vin avant que tout le monde finissent par se remettre de l’épisode de l’écluse Pedro Miguel! Comme Marion l’a si bien dit plus tard, ce fut une aventure très intéressante que de passer le canal mais si quelqu’un lui demandait de traverser à nouveau avec eux, elle passerait son tour.