vendredi 23 avril 2010

Nous avons traversé l’océan Pacifique.

Ça y est, nous l’avons fait nous avons traversé l’océan Pacifique dans ce qui représente notre plus long passage en mer planifié. Nous avons navigué sans escale 3050 nm (5673km) pendant 22 jours et 30 minutes avec une vitesse moyenne de 5.8 nœuds (11km/hr). Pour ce passage, nous sommes partis de l’île de San Cristobal dans les Galápagos et avons terminé à l’île de Hiva Oa dans les îles Marquises en Polynésie Françaises. Plusieurs considèrent ce passage comme un exploit ou même un but dans leur vie. Et quand bien même que bon an mal an des centaines de personnes font le même trajet nous pouvons dire que nous avons maintenant fait notre entrée dans le club très selecte des gens qui ont navigué un océan. Ce fut certainement une bonne aventure mais pas exactement de la façon que l’on pourrait penser puisque passer trois semaines en mer, lorsque tout ce passe bien, n’est pas très difficile. À Curaçao nous avons rencontré Gérard qui a déjà traversé cinq fois l’Atlantique et nous lui avons demandé comment c’était de traverser un océan. Il nous a regardé pendant un moment d’hésitation puis nous dit avec son accent français ‘’Bof vous savez, avec assez de temps même un botte de foin éventuellement peu traverser un océan. Ce n’est pas particulièrement difficile, c’est surtout ennuyant.’’ Et il n’a pas élaboré outre mesure. Ce que nous comprenons maintenant c’est que le défi n’est pas vraiment dans la traversée elle-même surtout dans le Pacifique, comme sont nom l’indique, est une étendue d’eau relativement calme durant la bonne saison. En fait, le défi est réellement de se rendre au point de départ et de partir. Pensez-y une minute. Avant de traverser l’océan en tant que tel, vous devez vous procurer un bateau, l’affréter avec l’équipement approprié, apprendre à les utiliser correctement, l’approvisionner avec les bons aliments et ainsi de suite. CELA représente beaucoup de travail et de sacrifices et requière des années de labeur et de dévouement. Si vous avez fait vos devoirs comme il le faut, le passage devrait être simple et plutôt ennuyant ainsi validant le succès de vos préparations et la consécration de votre détermination à atteindre un but. Par la constatation que notre passage s’est fait sans embuches, autre que les quelques réparations mineures que nous avons dû faire et qui sont normales lors d’un trajet si long, et le fait que notre forme physique sois celle d’un mollusque gastéropode par manque d’activité physique est probablement le signe que nous avons bien réussi. Lorsque je dis que les problèmes ont été mineurs je ne veux pas nécessairement dire non-spectaculaires, je vous donne plus de détails dans le deuxième paragraphe. Traverser un océan n’était pas, à proprement dit, un but dans notre voyage mais nous sommes néanmoins fières de l’avoir fait est c’est maintenant l’une de ces choses qui nous appartient et qui ne peuvent pas s’acheter mais peuvent seulement être gagnés. Notre voyage c’est bien déroulé mais nous ne pouvons pas attribuer ce succès seulement à nos talents de préparation puisqu’il y a aussi un grande part de chance. Beaucoup de gens s’aventure dans le même passage et se retrouvent malgré eux au beau milieu d’une tempête soudaine et imprévisible transformant tous leurs efforts en un enfer vivant. Cela n’a rien à voir avec leurs talents de navigateur ou de leur dévouement mais uniquement à la pure malchance. Le fait que rien ne nous soit arrivé de grave ne nous rend pas meilleurs qu’eux mais seulement plus chanceux. La première semaine, nous avons eu une bonne allure grâce à un vent fort du sud-est et basé sur les prédictions de vent que nous avions nous avons décidé de mettre le cap plus au sud afin de prendre avantage de vents plus forts et d’éviter un système de basse pressions s’étendant vers l’ouest pendant plusieurs jours amenant de la pluie et avec elle des vents imprédictibles. Nous avons quand même eu des nuages pendant quelques jours et avec eux des vagues de 10 pieds rendant la mer plutôt houleuse mais le tout s’est dissipé par la suite. Chaque jour, Danielle affichait notre position sur notre site web et merci à nos amis d’Ottawa Goeff et Ruth qui nous ont suivit tout le long et sont resté disponibles au cas où nous aurions eu besoin d’assistance.

Durant la deuxième semaine, le vent est devenu modéré et nous étions quand même capables de parcourir un bon 130 à 150 nm par jours. À la troisième semaine, nous avons été accueilli par des vents faibles lesquels ne font pas que nous ralentir mais sont également très difficile pour le bateau. Voyez-vous, les bateaux sont conçus pour des vents forts et stables. Les voiles sont bien gonflées et le bateau avance de façon stable. Lorsque le vent n’est plus assez fort pour maintenir les voiles gonflées en tout temps, les vagues font rouler le bateau et les voiles commencent à se balancer d’un mouvement lent mais souvent violent d’en avant en arrière. Tout spécialement pour la voile principale, la baume, qui est la barre horizontale tenant le pied de la voile, reçoit des chocs très forts et met beaucoup de stress sur l’attache qui la maintient au mat. Chaque jour, je devais aller vérifier que toutes les visses étaient encore en place et même remplacer celles qui étaient littéralement arrachées de leur filet. Mais encore une fois, puisque nous avons presque une quincaillerie complète à bord avec toute les visses possibles possible et impossible, ce n’était pas des problèmes difficiles à régler. Mais cette dernière semaine ne s’est pas terminée sans incident pour autant. La courroie de notre autopilote s’est brisée sous la pression exercée par les vagues rendant l’appareil hors d’usage. Mais, par une pure coïncidence, nous avons un deuxième autopilote au cas où le premier se briserait ….. Je vous le dit, juste de la chance! Au bout du compte, ça n’a pas été une grosse affaire bien que le deuxième autopilote consomme beaucoup plus d’énergie que le premier. A tout le moins, il a très bien fonctionné pendant ces trois derniers jours de notre passage. Notre destination était le village d’Atuona sur l’île de Hiva-Oa. La carte sur l’afficheur de carte montrait clairement l’emplacement de la baie où nous devions mouiller l’ancre mais tout ce que nous pouvions voir était une île couverte d’une végétation luxuriante et nous avons du nous rabattre sur le GPS pour nous indiquer la direction de l’entrée de la baie. D’après le GPS, nous étions à moins de trois miles de la baie et nous ne pouvions toujours pas la voire. À ce moment, nous avancions avec les moteurs afin de recharger les batteries et Danielle a pris la roue pendant que j’allais à l’avant pour ranger le foc. Danielle a alors regardé à l’intérieur de la cabine et a vue le paillasson, en avant de la porte, se mettre à bouger. Je l’ai alors entendue m’appeler d’un air paniqué. ’’Roger!!! Vient ici. Dépêches-toi vite et vient ici!’’ J’ai couru rapidement au cockpit et elle était à l’intérieure en train de se démener. Par la porte, j’ai alors vu que le plancher de la cabine était entièrement inondé et Danielle se démenais pour l’éponger. Après qu’il ait mis hors d’usage notre autopilote, le mauvais lutin du bateau a du être fâché que nous ayons réglé le problème si facilement et a du attendre au dernier moment avant que nous commencions la procédure d’entrée dans la baie pour tirer sur le tuyau branché à la sortie de la pompe à eau et ainsi vider le quart de notre réservoir d’eau et la moitié de notre réserve d’eau sur le plancher de la cabine. Si vous ne savez pas qui est le mauvais lutin du bateau allez lire notre article qui s’appelle ‘’Le bon lutin du bateau’’. Nous avons rapidement éteint la pompe à eau et essuyé rapidement le plancher autant que nous pouvions puis je suis retourné à la roue puisque nous nous approchions rapidement de la baie. À moins de un mile de distance de la baie, j’ai finalement aperçu que les arbres sur le coté sud de la baie bougeaient plus rapidement que ceux du coté nord et cela m’a finalement indiqué la position de l’entrée de la baie. Une demi-heure plus tard, nous étions ancré et Danielle m’a demandé ‘’On prend-tu une bonne bière là?’’, j’ai répondu ‘’Pas de problème pour moi’’ et pendant que nous relaxions dans le cockpit en sirotant notre bonne bière froide devant les falaises majestueuses de l’île j’ai regardé l’horloge; il était 9 :00 du matin!Une dernière note pour ceux qui se demandent si nous sommes toujours mariés après avoir passé trois semaines ensemble en mer. Plutôt que de créer des frictions entre nous, rester ensemble 24 heures sur 24, 7 jours par semaines, a en fait l’effet inverse sur nous. Après avoir navigué pendant plus d’un an et demi cote à cote, nous sommes mariés plus que jamais et nous nous sentons plus près l’un de l’autre en ce moment que nous ne l’avons jamais été durant nos treize années de vie commune précédent notre départ pour ce voyage. Nous sommes tellement habitués d’être ensemble qu’à un point durant le passage Danielle ne voulait pas aller se coucher toute seule dans la chambre à coucher et préférais se coucher sur le divan dans la cabine afin de rester avec moi. Dix pieds seulement séparent le divan et la chambre à coucher!