vendredi 28 mai 2010

Notre arrivée à Tahiti.

Après notre bref arrêt dans les Tuamotu nous avons mis le cap sur les îles de la Société et pour notre première escale nous avons choisi la plus connue de toute c'est-à-dire Tahiti, plus précisément la ville de Papeete. L’île est simplement enchanteresse. La ville est propre et conséquemment chère. Par contre, ça vaut le cout. Ne connaissant pas l’endroit, nous avons passé les premiers jours au quai des yachts au centre de Papeete. Outre le fait que les quais coutent cher, $50 par nuit, ils ont eu la brillante idée d’instaurer un système, assez populaire en Europe, pour s’attacher aux quais qui s’appelle en anglais le ‘med mooring’. Pour un Européen, utiliser un tel système est peut-être de la routine mais pour nous, nord-américain, c’était la première fois que nous étions confronté à cette monstruosité. Grosso modo, il s’agit d’un long quai sur lequel on attache le derrière du bateau sur les taquets alors que le devant est attaché à une grosse chaine dans le fond de l’eau par l’entremise d’amarres elles aussi dans le fond de l’eau. Pour retirer les amarres en question, ils les ont attachées a de plus petites cordes de guide lesquelles sont tirées jusqu’au quai. La distance entre chacune de ces cordes de guide et d’environ 12 pieds (4 m) et comme notre bateau fait 21 pieds (7 m) de large nous avions une corde de chaque coté et évidement une corde dans le centre sous le bateau. N’importe qui possédant un bateau sait très bien que la pire chose à avoir près d’un bateau lorsque les hélices tournent c’est précisément une corde dans l’eau! J’étais à la roue et Danielle s’occupait d’attraper les cordes et de les attacher. J’ai commencé à reculer lentement le bateau vers le quai pour le positionner entre les deux cordes de guide. Tout ce passait bien sauf que nous avions un vent de coté. Danielle à attrapé la première corde de guide et s’est rapidement précipitée à l’avant pour attacher l’amarre au bateau. Mais la manœuvre a prise trop de temps et le bateau a commencé à dériver sur le coté et la maudite corde guide s’est mise à pousser sur la rambarde et menaçait de la torde. Il fallait que je fasse quelque chose mais un bateau, même avec deux moteurs, ça ne se tasse pas sur le coté. Tout ce que je pouvais faire c’est de tourner le bateau pour enlever la pression sur la rambarde. Avec l’amarre déjà attachée à l’avant d’un coté, le devant est resté en place et le derrière s’est mis à se tasser sur le coté. C’est ce que je voulais mais là nous avions une corde guide qui passait au centre du bateau et évidement elle s’est prise dans le gouvernail. J’ai immédiatement arrêté l’hélice de ce coté et j’étais maintenant pris avec un coté du bateau attaché à l’avant et une corde prise dans le gouvernail et probablement dans l’hélice! J’ai dit à Danielle, OK on arrête tout ça. On a détaché l’amarre en avant et avons pu placer le bateau sur le coté et l’attacher au quai dans cette position. J’ai plongé pour vérifier l’hélice et évidement la petite corde guide de mes deux étaient enroulée autour. Heureusement pas de dommage et après 10 minutes l’hélice était libérée. On s’est repris une deuxième fois mais cette fois-ci nous avons attaché en premier les amarres de l’arrière du bateau au quai, puis j’ai mis les moteurs vers l’avant ce qui nous gardait en position stable pendant que nous attachions les amarres à l’avant. Sauf que là on n’était pas encore au bout de notre misère. Danielle s’est dépêchée à tirer sur les cordes guides en faisant bien attention de ne pas les prendre dans les hélices qui tournaient au ralenti. Mais elle n’avait pas remarqué que les maudites cordes en question, inventées par le diable en personne, étaient couvertes de petits coquillages coupant comme des lames de rasoir. Après que les amarres furent attachées et que le bateau était bien en place, Danielle, qui était sur le bord d’une crise de nerf après une procédure d’amarrage probablement conçue par les experts allemands de torture mentale pendant la deuxième guerre mondiale, se tenait sur le pont avec ses deux mains en avant d’elle pendant que son sang coulait à grosse goutes sur ses pieds. Ses doigts avaient été littéralement lacérés par les coquillages et étaient en hémorragie. Je me suis précipité à l’intérieur et ramené des pansements et du désinfectant. Nous avons nettoyé les coupures et arrêté les saignements. En fin de compte les coupures n’étaient pas très profondes mais il y en avait beaucoup. Il aura fallu quelques jours à Danielle avant de retrouver le plein usage de ses mains. Si jamais je mets la main sur le crétin qui a inventé ce système je pense que je vais prendre sa maudite corde pleine de coquillage et la lui enrouler autour des couilles!