jeudi 22 juillet 2010

Passage de Fiji à Vanuatu et pièces qui brisent (de Danielle).

Nous parlons rarement de nos passages en mer principalement parce qu’ils sont ennuyants et rien ne se passe vraiment mais je pense que celui-ci mérite d’en discuter. Nous avons quitté Fiji vendredi et espérons arriver à Vanuatu mercredi prochain. Nous avons vu dans les rapports météo que le temps devrait être venteux mais 20 à 25 nœuds de vent est juste correct pour avoir une bonne vitesse. A notre deuxième nuit, je suis de quart et je vois une lumière. Il y a un autre bateau à tribord, le vent est doux à ce moment et nous avançons à seulement 3.5 nœuds. Je commence à suivre la lumière et environs une demie heure plus tard, la lumière est clairement en train de se transformer en un cargo d’environ 100 à 120 pieds de long du genre de ceux qui font le transport de marchandises entre les îles. Environs 15 minutes plus tard, je peux compter le nombre de lumières sur le coté du bateau. Oh! Oh! C’est vraiment trop proche. Je réveille Roger et croyez-le ou non nous avons dû détacher les voiles (nous attachons toujours les voiles au cas où le vent changerait de direction provoquant un empannage accidentel et brisant tous) et changer de direction sous les moteurs pour éviter une collision. C’est pourquoi nous ne dormons pas lorsque nous sommes en mer, toujours quelqu’un de garde.
À notre troisième nuit; BANG! Le hâle-bas de bôme s’est encore brisé. La nouvelle poulie, que nous avions achetée à Puerto Rico, a éclaté. Après avoir changé continuellement les pièces de ce hâle-bas de bôme, il ne nous reste simplement plus de poulie de rechange pouvant supporter la force nécessaire. Regardez la photo pour voir la jolie réparation que Roger a faite! Ce n’est peut-être pas nécessairement joli mais ça marche!Comme Roger l’a expliqué auparavant, nous nous dirigeons vers l’Australie dans le Queensland du Nord afin de faire des réparations sur le bateau et passer la région des ouragans avant la fin de septembre. Le plus vite nous nous déplaçons, le plus vite nous allons réparer le bateau et moins rapide sera la balade qui suit après. Nous somme maintenant à la nuit #3 à environs 300 miles de Vanuatu. Je suis couchée, il est 20 :00 et Roger me réveille parce que le pilot automatique hydraulique ne fonctionne plus. Nous avons eu également des problèmes avec l’autre pilot automatique, le ST4000, et il nous bouffe nos courroies à la vitesse de l’éclair. Nous avons fait livrer 4 courroies à Tahiti et deux sont déjà brisées. Alors j’allume le ST4000 et devinez quoi? La courroie s’est brisée. Les vagues étaient environs 4 mètres de haut et le pauvre ST4000 n’était tout simplement pas à la hauteur. Je dois mentionner qu’à part pour dormir Roger reste dans le cockpit durant nos passages car il a le mal de mer lorsqu’il est à l’intérieur. Alors je me suis retrouvée à diriger le bateau à la main et Roger à l’intérieur vidant le lit de bâbord pour trouver ce qui ne va pas avec le pilot automatique hydraulique. Entre temps, je suis à la roue et évidement il commence à pleuvoir sur moi avec un vent arrière et avec la pluie diluvienne je me suis retrouvée complètement détrempée en moins d’une minute. Alors je suis à la roue, gelée au max et Roger est en bas transpirant et avec le mal de mer à essayer de remettre la bébelle en route. Après un certain temps, il est sorti et a dit ‘’Je dois démonter complètement le moteur du RAM hydraulique!’’ Il était maintenant presque minuit et j’ai dit ‘’Attend une minute. Nous ne pouvons pas démonter cette affaire là au milieu de la nuit et complètement épuisés alors on va conduire à la main pour la nuit et tu le regarderas demain matin.’’ J’ai réussi à allumer le ST4000 mais les vagues frappaient et poussaient si fort sur le bateau que le pilot automatique réussissait à tourner à bâbord mais lorsqu’il devait tourner à tribord on entendait tack-a-tack-a-tack-a-tack et le bateau ne tournait pas alors nous devions rester à la roue et aider le pilot automatique pour tourner à tribord à toute les 10 secondes. Alors Roger à dit ‘’Ok on va faire des quarts de seulement 2 heures’’ et j’ai répondu ‘’Ok tu vas dormir et j’irai après toi.’’ Environs vers 07 :00 nous avions dormi chacun environ 3 ½ heures. J’ai dit à Roger ‘’je peux à peine diriger le bateau même avec l’aide que j’apporte au pilot automatique.’’ Roger a répondu ‘’je crois que la courroie est encore brisée, nous en avons encore une alors nous allons la changer.’’ Le problème c’est que pour changer la courroie il faut enlever la roue. Comment suis-je supposée diriger le bateau sans la roue? D’habitude nous mettons le pilot automatique hydraulique en marche mais là …. Ok on va descendre les voiles et on va flotter pendant que tu change la courroie. C’est ce que nous avons fait. On part les moteurs et essaye de contrôler le bateau avec les moteurs, ok ça marche! On change la courroie et on repart le pilot automatique tack-a-tack-a-tack-a-tack il n’y arrive toujours pas même avec les moteurs. ‘’Ok je vais diriger à la main’’ Roger est parti en bas et a travaillé pendant 2 heures sur le moteur, l’a ouvert et nettoyé. Pendant ce temps, je suis dans le cockpit dirigeant le bateau à la main et nous imaginant avoir à diriger à la main pendant encore 20 heures. Mais devinez quoi? Roger est revenu d’en bas complètement nu, tout mouillé de sueur, le visage blanc et les yeux rouges et a dit ‘’Allumes-le ça va fonctionner maintenant.’’ J’aime cet homme là, je me suis dit alors. Il fonctionnait comme un pilote automatique flambant neuf. Conclusion, si vous voulez être en sécurité en mer amenez Roger avec vous. Par contre, je ne suis pas convaincue qu’il sera partant pour un autre voyage comme celui-là!!!!