vendredi 12 novembre 2010
Trouver du carburant.
Il s’agit de Lembongan, une île à quelques miles à l’est de Bali où l’on trouve un joli village et plein d’activités pour les nombreux touristes qui sont amenés ici chaque jour de Bali par de grands traversiers tels que le bateau jaune au fond de la photo. Nous n’avions pas planifié de nous arrêter ici et l’histoire que je veux vous raconter n’est pas au sujet de cette endroit mais bien de la raison pour laquelle nous avons du nous y arrêter. C’était à propos de trouver du carburant. À Bali, nous étions amarré à la Marina de Bali où ils possèdent une infrastructure, assez rare en Indonésie, que l’on appelle un quai à carburant sur lequel on peut amarrer le bateau, tirer le pistolet de la pompe et simplement remplir le réservoir. Ahhh la beauté des technologies modernes! Évidement, cela est en comparaison à partout ailleurs où il faut trouver un gars qui viendra dans son bateau, parfois un simple canoë creuser dans un tronc d’arbre, rempli de bidons datant probablement de la dernière glaciation et les siphonner dans le réservoir. C’est beaucoup de troubles mais par contre il faut mentionner que les gars locaux qui nous aident à le faire sont très aidants et n’hésitent pas à se tordre en quatre pour nous aider avec nos besoins en carburant. Tel que le gars de la marina me l’avait demandé, je suis allé le voir le jour d’avant, ce qui était le 14, pour lui dire que j’avais besoin de 200 litres de diesel le matin suivant lors de notre départ de Bali. Il m’a dit ‘’Pas de problème’’. Le matin suivant, nous étions près à partir et je suis allé le voir pour m’assurer qu’aucun bateau n’occupait le quai à carburant et que le pompiste était là. Lorsque je lui ai dit que nous étions prêts, il a commencé à se sentir comme un peu mal-à-l’aise et m’a alors dit qu’il n’aurait peut-être pas tout le diesel dont j’avais besoin. Il m’a alors montré son registre pour me prouver que plusieurs personnes étaient venues récemment et avaient vidé son réservoir. J’ai jeté un coup d’œil et effectivement il avait récemment vendu quelques milliers de litres de carburant. Par contre, la date sur le registre indiquait que cela s’était passé le 12, ce qui faisait déjà trois jours, mais cela je ne m’en suis pas aperçu immédiatement puisque je me concentrais sur le problème plus imminent de trouver du diesel étant donné que nous n’avions pas assez pour nous rendre jusqu’à Bornéo. Il m’a alors pointé l’autre côté de la baie et m’a dit que je devrais être en mesure de trouver du carburant là-bas à Benoa. J’ai bien regardé mais je pouvais à peine distinguer la tour qu’il m’indiquait mais je me suis dit que nous allions bien la trouver une fois plus près. Nous sommes donc partis subito presto en direction de l’endroit en question. Comme nous nous rapprochions, nous avons effectivement commencé à apercevoir l’enseigne typiquement rectangulaire des stations services et un grand quai adjacent en béton. Bien sur, il aurait été beaucoup trop facile que nous nous attachions simplement au quai et faire le plein. De un, nous étions à marée basse et le quai était beaucoup trop haut pour que nous puissions nous y amarrer mais de toute façon cela n’était même pas une option puisqu’il était tellement congestionné par d’autre bateau que, par endroit, ils ont dû attacher jusqu’à trois bateau l’un après l’autre. Le premier étant attaché au quai, puis le deuxième s’attache au premier et ainsi de suite. Il y avait un grand bateau de pêche en acier attaché directement au quai et en utilisant des signes nous avons réussi à avoir la permission d’y attacher Chocobo. Nous avons lancé les amarres à l’équipage de pêcheur, monté sur leur bateau et finalement accédé au quai. Il y avait effectivement une station d’essence à cet endroit mais c’était une station régulière pour les voitures et motocyclettes avec des tuyaux beaucoup plus court que les 100 pieds dont j’avais besoin pour me rendre jusqu’au bateau! Les alentours de la station étaient assez délabrés et il y avait des gens partout, lesquels parlaient seulement le Bahasa d’Indonésie y comprit un gars avec quelque chose comme 100 bidons et qui vidait probablement le réservoir d’essence de la station. Mais ce que j’avais besoin était du diesel, le seul mot de Bahasa que je connaissais était ‘’solar’’ qui veut dire diesel et il était clair que je n’allais pas pouvoir avoir de carburant ici. Les plans A et B avait échoués alors il fallait que je sois un peu plus débrouillard. J’étais peut-être à l’autre bout du monde, dans un pays dont je ne parle pas la langue, dans un village ressemblant à un camp de réfugiés; nous avions traversé la moitié de la planète en voilier alors j’allais être capable de trouver du carburant ici coute que coute! Je suis allé voir un homme qui passait par là et lui ai demandé ‘’solar?’’ en pointant les pompes. Avec patience et utilisant tous les signes qu’il possédait dans son vocabulaire il a réussi à me dire qu’il n’y avait plus de diesel à la station, ce qui corroborait ce que les pêcheurs avaient essayé de nous dire plus tôt mais que nous n’avions pas complètement compris. Équipé de tout mon arsenal sophistiqué de signes manuels je voulais commencer à débattre avec lui de l’impact socio-économique d’une telle pénurie de carburant fossile dans cette partie Indo-Asiatique du monde mais tout ce que j’ai réussi à dire c’est ‘’Où d’autre que je peux trouver du diesel autour d’ici?’’, ce qui était suffisamment compliqué croyez-moi. Mon bon samaritain m’a pointé dans la direction à suivre mais c’était tellement compliqué de me faire comprendre où c’était exactement qu’il a préféré m’y amener lui-même. Il m’a alors amené à un endroit et j’ai regardé autour. À mes yeux d’étranger cela ressemblait à une cabane rempli de cochonnerie mais je crois qu’ici ils appellent cela un distributeur en énergie à en croire les multiples réservoirs de propane et les bidons que l’on voyait partout. La dame derrière le comptoir ne parlait pas un mot d’anglais mais elle m’a dit d’attendre un moment. Pendant que j’attendais, j’ai pris le temps de regarder plus attentivement l’endroit et une fois que mes yeux se sont adaptés à au style de décoration local je me suis rendu compte que l’endroit n’était pas aussi délabré que je l’avais pensé initialement. En fait, c’était très en ordre et tout les réservoirs de propane et les bidons vides étaient rangés correctement. Ils étaient vieux bien sûr et ne correspondaient pas aux critères nord-américains d’esthétique mais ils semblaient clairement en bon état. La dame est finalement revenue avec son téléphone cellulaire, a composé un numéro, a discuté une minute au téléphone puis m’a passé le téléphone. Au bout d’un fil il y avait un homme qui se trouvait à être le mari de la dame au comptoir et qui parlait un anglais décent. Nous aurions pu nous comprendre et discuter sans problème si évidement le cellulaire avait coopéré un petit peu. Entre les nombreux ‘’M’entendez-vous là?’’ je lui ai dit que j’avais besoin de 200 litres de diesel pour mon bateau. ‘’Avez-vous des bidons?’’ m’a-t’il demandé. ‘’Oui, mais seulement deux de 20 litres chacun, ce n’est pas assez.’’ Il semblait un peu embêté et je pouvais l’imaginer en train de se gratter la tête pour trouver une solution au problème. ‘’Le problème c’est que les bidons que j’ai n’ont pas de bouchons.’’ a-t’il lancé. J’étais trop près d’avoir mon précieux combustible pour que tout échoue pour un détail technique insignifiant tel que d’avoir des bouchons convenable sur des récipients pour transporter un liquide inflammable. ‘’On ne pourrait pas mettre un morceau de plastique avec des élastique ou quelque chose comme ça?’’ Comme vous pouvez le voir je commençais à connaître les façons de faire dans la régions. Il a alors parlé un moment avec sa femme et elle m’a dit de retourner au bateau, ce que je fis. Danielle m’attendait, ‘’As-tu réussi à avoir du diesel?’’ m’a-t’elle demandé. ‘’Ben, je pense que oui. Combien en as-tu eu? Je ne suis pas trop sur mais j’ai demandé 200 litres. Ok, sais-tu quand est-ce qu’ils vont être ici?’’ J’en ai aucune idée, je pense qu’on a juste à attendre.’’ C’est ce que nous avons fait et 30 minutes plus tard la dame est arrivée sur le quai poussant un charriot à deux roues avec 6 bidons dessus avec leurs ouvertures bien fermées avec …. des sacs de plastiques et des bandes élastiques! Avec l’aide des pêcheurs nous avons transporté les bidons à bord de Chocobo puis j’ai demandé à l’un d’eux s’il voulait m’aidé à les siphonner. Vingt minutes plus tard, les six bidons étaient vidés et filtrés dans notre réservoir. J’ai donné un petit merci monétaire au jeune homme pour son aide et Danielle lui a donné un verre de jus pour qu’il se rince la bouche du diesel qu’il a avalé en le siphonnant! J’ai alors passé environ une demi-heure à nettoyé le cockpit des éclaboussures de diesel qui se retrouvent inévitablement partout lorsqu’on utilise cette méthode pour faire le plein et je me suis finalement assis. J’étais assez fier que malgré vents et marées, et dans un endroit qui m’était complètement étranger, j’ais réussi à remplir complètement notre réservoir de ‘’solar’’ et être prêt à partir. Mais par le temps que nous soyons sortis du port, il était déjà midi et nous n’étions plus d’attaque pour nous lancer dans une randonnée qui durerait toute la nuit nous amenant à l’île de Kangean qui était notre étape suivante en direction de Bornéo. Nous avons donc décidé de simplement traverser le détroit de Badung et de passer la nuit à Lembongan; finalement nous sommes restés trois nuits! Cette histoire est simplement pour vous montrer que des fois, vu de l’extérieur, voyager comme nous le faisons peut sembler être de longues vacances mais en réalité cela demande énormément de travail. Ce que nous prenons pour acquis et qui devrait prendre 20 minutes fini toujours par prendre 4 heures et peut même aller jusqu’à deux jour!