mercredi 14 décembre 2011

Nous avons traversé l’Atlantique!

Nous l’avons fait! Suivant le sillage de Christophe Colomb, nous avons traversé l’océan Atlantique dans un passage de 2111M (3926 km). Deux semaines auront été nécessaires pour ce grand accomplissement et ce fût avec soulagement que nous avons crié ‘’Terre!’’ lorsque l’île d’Antigua s’est dessinée à l’horizon. Deux semaines en mer à se faire balancer dans toutes les directions par les vagues ça draine l’énergie de deux marins en mauvaise forme physique comme nous. Il faut vraiment que nous arrêtions de boire et que nous commencions à nous entrainer à la place! Dans l’esprit de plusieurs gens, la traversée de l’Atlantique représente un accomplissement majeur dans leur vie et cela se reflétait clairement dans le nombre impressionnant de bateaux que nous avons vu se jeter à pieds joints dans cette aventure alors que nous étions dans les Canaries où ils se préparaient pour la traversée. Nous avons estimé qu’environs 300 autres bateaux ont traversé l’Atlantique en même temps que nous et c’était à un point tel qu’on se demandait s’il ne fallait pas prendre un numéro pour se mettre en file et traverser! L’avènement des GPS (Global Positioning System) et des pilotes automatiques a rendu de tels voyages accessibles à une plus grande partie de la masse populaire mais demeure quand même une entreprise sérieuse. Pour cette raison, immédiatement après notre arrivée et avoir mouillé l’ancre nous avons fait sauter le bouchon d’une bonne bouteille de vin et avons pris le temps de célébrer notre succès. Un point qui est important de noter est que bien que nous soyons revenus dans les Caraïbes, nous n’avons toujours pas compléter la partie ‘’tour du monde’’ de notre voyage. En effet, pour compléter la circumnavigation de la terre il faut traverser tous les méridiens du globe et passer par-dessus notre propre sillage. Nous avons, à ce point-ci, traversé tous les méridiens mais nous sommes toujours à 35M (65 km) du point le plus près de notre sillage situé à Montserrat où nous sommes passé en 2009. En l’occurrence, nous ne sommes pas encore au point de célébrer cet accomplissement, qui donnera à la traversée de l’Atlantique l’air d’une balade de fin de semaine, et puisque nous avons en tête de rester à Antigua et Barbuda au moins jusqu’après Noël, la célébration pour la grande boucle devra se faire attendre encore un peu.

Le passage en soit s’est passé sans anicroches. À deux occasions des dauphins sont venus jouer à la proue de Chocobo et par un jour ensoleillé de la première semaine, nous avons eu le très rare privilège de la compagnie d’une baleine de 18ft (6m) qui a décidé de voyager avec nous pendant plus d’une heure et demie. C’était vraiment plus que ce que l’on pouvait demander car d’apercevoir une baleine est déjà quelque chose d’assez unique mais de l’avoir avec nous pendant 90 minutes c’est un cadeau inespéré! À la quatrième journée, nous avons eu la surprise de dépasser un autre voilier. Il faut garder en tête que même s’il y avait 300 autres voiliers traversant l’océan en même temps que nous ne voulait pas dire qu’on les verrait. En mer on peut à peine voir à 5 miles autour de nous et l’océan est simplement immense. Je les ai appelé à la radio et il s’agissait de ‘’Moin’’, un bateau sous pavillon Allemand, qui avait quitté Mindelo, le même port d’où nous étions partis, la journée avant nous. En quatre jours nous les avions rattrapés alors que nous filions à toutes allures sous les vents forts qui prévalaient en Atlantique orientale. C’était seulement la deuxième fois que nous rencontrions un bateau plus lent que nous depuis le début de notre voyage et avec notre égo gonflé à bloc nous leur avons souhaité bonne chance et bon vent alors qu’ils disparaissaient derrière nous. Environs une semaine plus tard, nous avons aperçu un autre voilier à l’horizon mais on ne s’est pas donné la peine de les appeler. Ils ne nous ont pas appelé non plus alors ils n’avaient peut-être pas envie de jaser bien que normalement lorsque quelqu’un passe deux semaines en mer sans voir un autre bateau il est habituellement tentant de parler à un autre être humain que son propre partenaire!


Mais à part ces quelques ‘’événements’’ une traversée océanique est une aventure très ennuyante en soit. Nous restions de garde 24 heures par jour, sept jours par semaine, en alternant par quart de quatre heures durant la nuit et suivant un horaire moins rigide durant le jour. Le matin, lorsque la nuit avait été particulièrement mouvementée, je devais aller jeter par-dessus bord les poissons volants qui après un saut suicidaire dans le but de survivre ont finalement atterri sur nos trampolines où ils ont clapoté un moment avant de sécher sur place. Cette fois, nous avons également attrapé ce poisson étrange que je tiens sur la photo. Danielle cuisine à peu près tous les repas puisque le mouvement continu des vagues me rend, à toutes fins pratiques, invalide. Au bout du compte, je ne suis pas vraiment un marin très vigoureux lors des très longues traversées bien que je saute rapidement à pied joins aussitôt qu’un bris se déclare pour le réparer dans les plus brefs délais. Par contre, à notre grande surprise et satisfaction, nous n’avons eu aucun bris valant la peine d’être mentionné durant toute la durée de cette très longue traversée. Normalement, nous nous serions attendus à avoir une très longue liste de réparations faites durant le trajet ou à être faites aussitôt après avoir touché terre mais il semble que le travail préventif que nous avions fait avant le départ et le fait que nous connaissions maintenant Chocobo comme le fond de notre poche, aient payé au bout du compte. En échangeant des emails avec deux autres bateaux amis qui font également la traversée nous avons appris que l’un d’eux avait un pilote automatique qui ne cherchait qu’une raison pour flancher et que l’autre a vu sa voile principale se déchirer en deux. À bord de Chocobo, nous avons seulement eu un ressort d’une poulie de pont qui s’est rompu sous la fatigue avec pour seule conséquence que la poulie, qui est continuellement sous plusieurs centaines de livre de pressions, ne peut plus se tenir droite par elle-même! Chocobo est peut-être dispendieux à maintenir mais c’est un bon bateau.