lundi 4 avril 2011

Les pays les plus pauvres au monde.

Selon notre Atlas, publié en 2004, l’Érythrée est le 4ième pays le plus pauvre au monde et lorsque nous sommes arrivés à la petite ville d’Assab, en provenance du Yémen, nous nous attendions au pire. Le Yémen était pauvre, ça ne fait aucun doute, mais lorsque l’on pense que les gens s’enfuient de l’Éthiopie et, s’ils le peuvent, de l’Érythrée pour aller trouver une vie meilleure au Yémen alors ça donne une idée de comment les choses peuvent être désespérantes dans ce pays d’Afrique de l’ouest. Nous étions en compagnie de trois autres bateaux faisant aussi parti de notre convoi et alors que nous nous attendions à arriver au milieu d’une scène toute droite sortie d’une infopub de Vision Mondial, avec des enfants au ventre gonflé et des mouches dans les yeux, la réalité était toute autre. C’est évident que les gens ici ne roulent pas sur l’or mais ils ont définitivement de la dignité. Assab était une ville de peu de ressources mais incroyablement rangée pour ne pas dire propre. Pas d’odeurs, aucun détritus nulle part, des gens lavés avec des vêtements humbles mais propres. Les gens, comme on s’y attendrait, étaient très accueillants.






L’Érythrée sort tout juste d’une longue guerre avec sa voisine l’Éthiopie, de laquelle elle faisait partie avant son indépendance, et les édifices endommagés et maintenant abandonnés sont légion. Maintenant, à savoir exactement pourquoi ces deux pays se battaient est encore très floue dans nos têtes. Il faut vraiment atterrir ici pour comprendre qu’il n’y a rien dans ce pays. Normalement, les guerres ont pour but l’acquisition de ressources quelconques mais quand je dis qu’il n’y a rien ce n’est pas une métaphore. Le sol est tellement aride, partout où nous sommes allés, que je crois que la seule chose qui puisse pousser ici c’est du sable! On fait quand même pas une guerre pour du sable!!! Mais bon, je présume qu’ils savent à peu près ce qu’ils font et qu’ils avaient de très bonnes raisons de se rendre encore plus pauvres en se battant entre eux. Mais à cause de tout cela, le pays, et Assab entre autre, n’ont pas la cote des touristes alors lorsque nous sommes arrivés les gens nous ont très bien fait comprendre que la ville était très sécuritaire et que nous pouvions nous promener à notre guise sans aucuns soucis. Évidement, le but de nous voir passer quelques jours dans la ville n’étant pas pour l’enrichissement culturel que des voyageurs venant de partout dans le monde peuvent leurs apporter mais bien sûr pour l’argent que nous allions nécessairement dépenser en payant probablement 2 à 5 fois le prix normalement accordé aux locaux. Mais à ce sujet là il y avait un petit problème. Non pas sur le prix lui-même car même à prix touriste la plupart des choses étaient à prix raisonnable. Le problème venait du fait que de l’argent c’est utile lorsqu’il y a quelque chose à acheter mais ici, comme je l’ai déjà dis, il n’y a presque rien alors il était, comme on peut dire, un peu difficile de dépenser! Néanmoins, nous avons quand même pu trouver un petit bar où nous avons pris une bonne bière bien méritée. Bon ok! On en a pris pas mal plus qu’une mais c’est un argument purement académique  Les gens du bar nous ont généreusement trouvé un repas assez copieux et même si ça n’a pas l’air très appétissant sur la photo je peux vous assurer que c’était succulent et proprement préparé. On n’est pas très certain de quelle sorte de viande il s’agissait mais il y a de fortes chances que c’est été de la chèvre. Mais peu importe c’était très bon et aussi très apprécié. Le pain et la viande étaient offerts en abondance et il nous apparaissait évident que, même si l’on payait un bon prix, ce n’était pas des denrées si faciles à trouver dans ce patelin. De plus, lorsque je dis que l’on payait le prix c’est en comparaison à ce que les gens ici auraient payé pour la même chose car en tout cela nous à couté environs $4.00 par personne pour le repas et 3 à 4 bières chacun! Ce n’est quand même pas cher au bout du compte.

Mais même si nous avions bien du plaisir à Assab, il fallait quand même que nous avancions vers le nord puisque la Mer Rouge fait tout de même près de 1200 miles de long. Nous avons fait plusieurs arrêts mais celui qu’il vaut la peine d’être mentionné et celui de Mersa Dudo où nous avons pu visiter le cratère d’un volcan éteint. L’endroit était complètement désert sinon que par le passage occasionnel de quelques pêcheurs du coin ayant un campement sur la plage. On avait l’impression de débarquer sur la lune tellement le paysage était mort. Il y avait bien quelques arbres du type que vous voyez sur la photo mais du reste c’était de la roche volcanique. En fait, c’est dommage que nous n’avions pas un barbecue parce que les roches aurait parfaitement fait l’affaire. Par contre, vouloir des burgers en Érythrée c’était peut-être en demander un peu trop. Mais nous avons quand même fait le tour du cratère en marchant tout le long du bord du volcan et où il ventait à écorner les bœufs. Mais comme ils ne semblent pas avoir de vaches ici alors il ventait probablement à écorner les chèvres!




Après quelques jours à naviguer d’une île à l’autre, nous sommes arrivés à Massawa, notre dernier arrêt en Érythrée. La ville était définitivement plus grande qu’Assab mais tout aussi affectée par les affres de la guerre. Les abords du port avaient définitivement connu des jours meilleurs et il faut quand même avouer que l’endroit devait avoir vraiment de la gueule avant que les fusils et grenade en refasse la décoration. Encore une fois, en bonne compagnie nous avons pu nous régaler de la cuisine Érythréenne même si cela voulait dire une légère adaptation gastrique à la faune bactérienne de la région. Mais bon, on ne fait pas le tour du monde pour manger du McDonald quand on est en Afrique de l’Ouest quand même. La nourriture était intéressante et les gens aussi. Le gouvernement a une mainmise sur la population et nous avons pu apprendre que les gens ne peuvent tout simplement pas quitter le pays et Dieu sait qu’il y en aurait beaucoup qui serait partant pour s’en aller. Nous trouvions très déchirant de voir de jeunes hommes nous demander s’ils pouvaient embarquer avec nous, à l’insu du gouvernement évidement, pour aller n’importe où en autant que se soit ailleurs. On a beau dire qu’il n’y rien ici mais de là à être prêt à quitter sa maison et sa famille pour espérer quelque chose ailleurs dans une vie clandestine c’est quand même déchirant à entendre. Évidement, il était hors de question d’acquiescer à leurs demandes alors nous leurs avons donné quelques T-Shirts, des montres achetées à prix dérisoires à Singapour ainsi que des paquets de cigarettes et ils étaient quand même content. À défaut d’aller gagner un peu d’argent en exile ils pouvaient fumer une bonne cigarette en portant un T-Shirt avec ‘’I Love Singapore’’ écrit dessus!





Malgré le manque flagrant de ressources dans la région nous avons quand même pu aller au marché pour nous ravitailler un peu. On a sauté dans un bus avec les membres d’équipage des autres bateaux et, comme c’est souvent le cas, la balade en autobus était aussi intéressante que l’endroit où il nous apportait. Nous étions nécessairement à l’étroit mais comme je l’ai déjà mentionné les gens ici sont courtois et très propres. Alors pas d’odeur ou quoique ce soit du genre qui puisse se comparer à la puanteur que l’on retrouve dans les autobus de Montréal en hiver et à l’heure de pointe! Le marché était somme toute assez bien garni avec un choix limité certes mais tout de même des fruits et légumes disponibles. Le pain restait quand même difficile à avoir. La farine étant contingentée et il ne nous était possible d’acheter que certains pains alors que les autres étaient réservés pour la population locale. Nous avons trouvé un café Internet mais malheureusement le gouvernement a diminué la vitesse de transfert avec l’extérieur du pays afin d’empêcher l’organisation, à l’aide d’internet, d’opération rebelles. Au bout du compte la vitesse était tellement lente qu’il nous aurait fallu environ 10 heures pour télécharger seulement nos courriels et nous avons tout simplement abandonné. Comme les burgers, l’Internet en Érythrée c’était peut-être trop demander!