Laissez-moi vous raconter notre arrivée au Maroc avec un peu plus de détails que mon bref article précédent. Nous avons quitté Gibraltar avec en tête de nous rendre à Tanger sur la côte Méditerranéenne du Maroc. Suivant la côte Espagnole, pour éviter les cargos dans le détroit de Gibraltar ainsi que les contre-courants, nous avons changé d’idée et sommes arrêtés à Tarifa en Espagne. Jusqu’à maintenant, rien de spécial sinon que cela nous a fait changer notre première destination au Maroc. Ce qu’il faut savoir c’est qu’on choisi nos destinations en fonction de l’information que l’on a et qu’en l’occurrence ici notre source principale vient d’un guide de croisière publié par Imray en 2006. Six ans ce n’est pas beaucoup mais pour le Maroc c’est le jour et la nuit puisque, comme nous allions nous en rendre vite compte, le pays a subit des transformations majeures durant ces dernières années. À cause de cela, les descriptions que nous avions des différents ports du Maroc étaient complètement erronées. Mais à ce moment là nous ne le savions pas encore et nous avons décidé de mettre le cap sur Port Larache où nous étions supposés être capables de mouiller l’ancre et y passer quelques jours paisibles. Nous avons donc quitté la superbe plage de Tarifa et mis le cap vers le sud. Notre traversée du détroit fût, comme vous le savez déjà, agrémentée par la rencontre de baleines et de dauphins mais ceux-ci n’allaient pas être les seuls mammifères que nous allions rencontrer. En effet, homo-sapiens peuplant chaque centimètre carré de la planète, n’était pas très loin et après seulement quelques dizaines de miles en eau marocaine nous voila arraisonnés par la Marine Royal du Maroc qui est grosso-modo la garde côtière du pays. Un petit contrôle de routine n’a rien de bien troublant lorsqu’on est au quai mais en pleine mer la chose est un peu différente. Il nous a donc fallu affaler les voiles (les baisser) et se préparer à l’accostage de leur zodiac. Étrangement, nous avions entièrement fini notre manœuvre alors qu’eux travaillaient encore à mettre leur zodiac à l’eau et il nous a fallu les attendre! Finalement, deux hommes sont venus à bord, nous ont demandé les informations d’usage qu’ils inscrivaient sur un bout de papier tout fripé, ont inspecté l’intérieur du bateau sommairement puis sont repartis. Le tout s’est déroulé de façon polie et cordiale et bien sûr le fait que nous parlions français a facilité toute la procédure. Mais les vérifications d’usage c’est bien beau pour les autorités du pays mais pour nous c’est complètement inutiles et surtout cela nous a fait perdre tout près d’une heure dans notre horaire très serrée de la journée de telle sort qu’après que nos bonhommes en uniformes aient quitté Chocobo nous n’étions plus certain de pouvoir nous rendre à Port Larache avant la tombée du jour.
C’est donc avec toutes voiles ouvertes et le moteur de bâbord à fond que nous avons de peine et de misère atteint l’embouchure de la rivière menant à Port Larache alors que Galarneau mettait son pyjama pour aller se coucher à l’horizon. À très basse vitesse avec les yeux rivés sur les deux profondimètres, nous avons remonté la rivière jusqu’à un endroit qui devait être correct pour y jeter l’ancre pendant quelques jours. Mais ces quelques jours se sont vite transformés en quelques minutes lorsque la visite est arrivée. Cette-fois, c’était la gendarmerie du port qui venait gentiment nous dire que nous ne pouvions pas rester dans cet endroit calme et retiré (et gratuit) et que nous devions obligatoirement nous amarrer dans le port bruyant, sale et évidement payant de Port Larache. C’est donc avec le soleil déjà sous l’horizon, et sous la surveillance étroite des gendarmes, que nous avons levé l’ancre et sommes allés nous attacher à un quai en métal rouillé sur lequel nos souliers devenaient tachés de peinture rouge et de rouille redécorant le dessus de notre pont blanc en une peinture rupestre abstraite exprimant d’une certaine façon l’appréciation que nous avions à ce moment là de l’accueil que nous avions reçu jusqu’à maintenant par les marocains! En un rien de temps, l’arrivée d’une catamaran ‘’de luxe’’ dans le port a vite fait d’attirer l’attention et sans qu’on ne sache trop de où ils venaient le quai s’est rempli de badauds mais aussi d’officiels de chaque département, que le gouvernement a jugé bons d’inventer pour régir un port, tous armés d’une paperasse administrative à me faire auto-digérer l’estomac. Car voyez vous, les papiers c’est long à remplir lorsqu’on tape à l’ordi avec deux doigts ou bien qu’on ne parle pas vraiment autre chose que l’arabe mais pendant tout ce temps là moi et Danielle on avait pas encore soupé et notre dernier repas remontait au matin! Mais remarquez bien que pendant tout ce temps tous le monde est très courtois et que même s’ils étaient un peu perdu à savoir quoi faire de nous les gens faisaient quand même de leur mieux pour nous rendre les choses faciles.

